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l’amour en espèces, car l’amour est fatigant, et c’est l’argent qui réconforte. Tout cela, Berthe le savait à vingt ans. Celles qui ont de quoi vivre cherchent l’amour parce qu’il fait du bien, mais les filles publiques réduisent l’amour de leurs clients parce qu’il fait du mal. Et Pierre, ce grand garçon ardent, était pour Berthe un homme de plus à subir.

Elle pensait à son amant Maurice, à sa robe, à ses bottines. Hier soir il avait fallu qu’elle payât sa chambre. Les propriétaires d’hôtels meublés ne se fient pas aux femmes qui font la noce. Il avait fallu payer. Mais elle ne pouvait pas donner sept francs, puisqu’elle n’en avait que cinq. L’autre accorda un jour de grâce pour les quarante sous qui restaient, mais il était bien entendu qu’en cas de non-paiement elle ne rentrerait pas dans sa chambre. Comme conséquence, à midi ils mangèrent quelques restes de la veille, mais le soir elle ne mangea pas. Maurice disait : Tu