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poings de fer où les poids se mêlent et pèsent ensemble avec les jours, avec les chagrins, avec les coups reçus, avec le mal que l’on a fait, avec la vadrouille des nuits. Il vient un soir où c’est fini, où tant de gueules nous ont mordues qu’il ne reste plus de force pour nous garder debout et que notre viande pend dans notre corps comme si toutes les gueules l’avaient mâchée. Il vient un soir où l’homme pleure, où la femme est vidée.

Elle était venue se jeter enfin chez ce garçon par un instinct qu’elle allait crever et qu’il fallait qu’elle crevât au meilleur endroit. Et c’est ici que, couchée sur sa chaise, elle était une bête abattue qui sent un dernier souffle dans ses flancs, qui s’en vide à jamais et regarde encore la tanière avant d’y laisser ses débris.

Elle dit alors :

— Laisse-moi coucher ici. Je ne puis