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Les agents des mœurs vont par deux. Il est facile de les reconnaître à cause de leur regard, de leur mise malpropre et de leur marche grave. Ils sont malpropres comme leur métier. Ils marchent avec raideur, comme des gens qui accomplissent une fonction. Ils regardent les femmes depuis la tête jusqu’aux pieds avec un regard qui s’appuie. Le regard des passants regarde, celui des agents des mœurs surveille. Décoré de la médaille militaire, un gros brun, dont la moustache forte accentue la gueule, marche en portant ses poings. Les filles publiques passent raides, sans tourner la tête, avec leur âme d’esclave qui sait que la raison du plus fort est toujours la meilleure.

Les boniments des camelots. Quand un sergent de ville s’éloigne, un camelot surgit. Coiffés d’une casquette, le visage animé, la moustache déteinte, ils parlent