Page:Charles-Louis Philippe - Bubu de Montparnasse, 1901.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais après le repas, dans un café voisin, ils allaient prendre une tasse de café. L’heure était bien meilleure : ils choisissaient un coin et, les coudes sur la table, loin des gens qui font du bruit et de ceux qui font des manières, c’est là qu’ils ont beaucoup causé. Berthe la rouleuse, qui roulait parmi les vices, s’asseyait dans un coin, les coudes sur la table, et il lui montait du fond de sa conscience une petite flamme triste et tranquille, Pierre la regardait et, sentant une femme à son côté, il croyait voir un peu d’amour, une petite flamme toute droite qui brûle et semble fragile. Tout de suite leurs paroles eurent une grande franchise. C’est qu’elle avait besoin de cela, parce que dans nos âmes il y a le bon coin qui, du temps où nous ne faisions pas le mal, était plein de sentiments simples et qui reste toujours à sa place et où des voix parfois descendent et viennent crier comme des enfants aban-