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et, les coudes sur la table, les poings au menton, causaient bas en buvant du vin rouge. Il avait une mélancolie délicate qui l’empêchait d’accomplir les actions quotidiennes et alors il fallait un grand feu de combat, une grande aventure pour l’agiter et le vaincre, il fallait qu’en un jour il retrouvât toute son énergie de Bubu et qu’en une seule fois il accomplît toutes les actions quotidiennes. Il fallait un grand vol qui lui mît aux poches assez d’or pour attendre, comme un rentier d’amour, comme un poète de mélancolie ne pensant plus qu’à sa belle le beau matin du retour et des nouvelles épousailles.

Ce fut une histoire simple et décevante. Elle se passa dans un bureau de tabac, à trois heures du matin, au milieu des avenues désertes, pendant que le silence en-