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ET LES JOURS

mettent aux plus jeunes. Ces derniers juchés à quelque distance sur de vieux bidons rouillés enferment dans des boîtes de carton les oiseaux blessés ou seulement étourdis par le coup.

Massénac, qui peut avec une fronde moucher une chandelle à quinze pas, est l’as de la bande. On ne lui envie pas moins cette réputation que celle de courage qu’il s’est acquise par des exploits répétés. Léonard, le fils d’un commerçant cossu, qui a le teint rose, les dents plus blanches et plus dures que les autres, et qui se distingue par la propreté de ses chemises et la coupe de ses habits, souffre mal la supériorité de Massénac. Il tente, ayant tiré en même temps que celui-ci de s’approprier des oiseaux. Massénac les lui laisse, mais il lui ordonne de s’éloigner.

— C’est ma talle, dit Massénac d’un air assuré, va te placer plus loin.

— Il y a assez d’oiseaux pour deux, se récrie Léonard.

— Jean, passe-moi deux ou trois gros cailloux, dit Massénac assez haut pour être entendu de Léonard.

Les aides de Massénac, sentant la poudre, se sont glissés derrière un tas de fumier ; celui-ci