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ET LES JOURS

tée de fuir, « fuir à tout prix, fuir sans perdre une minute ».

Le cauchemar continue. Des volutes de fumée blanche s’infiltrent par les interstices de la porte et du vasistas. La sensation du danger l’éveille tout à fait. Des pas retentissent dans le corridor. La pièce où il se trouve lui rappelle une chambre de son enfance. Comment est-il venu dans la maison de son père adoptif ?

Son premier mouvement, commandé par l’instinct de préservation, le conduit à la fenêtre qui ouvre sur la ruelle. En une enjambée, il atteint le pavé. À ce moment, dans son esprit affaibli revient le commandement impératif de se cacher, de fuir. Pourquoi ? Son esprit est lourd, empâté ; ses réflexes absurdes, un sentiment de terreur panique s’empare de son être. Il court, non pas du côté de la rue toute proche où il aperçoit un attroupement, mais comme un malfaiteur, vers le fond de la ruelle. Il a l’impression qu’on le suit et il se jette dans une porte entre-bâillée qu’il referme aussitôt sur lui.

Son instinct ne l’a pas trompé ; il était suivi. Les pas hésitent un instant près de son refuge, puis s’éloignent rapidement dans la direction