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V

Auguste Prieur se soulève dans son lit, la tête bien dégagée de l’oreiller, et il attend en alerte le retour de la douleur qui vient de l’éveiller. Il tend l’oreille, dans la nuit, comme s’il espérait surprendre un bruit qui trahisse le passage du mal. Au dehors la pluie tombe, une pluie de fin d’octobre, monotone et froide. Maintenant, complètement éveillé, le nouveau député de Deuville sent les pulsations de son cœur le long d’une ligne qui relie les deux épaules. Au moindre mouvement, les battements de son cœur lui résonnent dans la gorge. Il se dresse au milieu du lit, repousse ses couvertures. Quand il est immobile, il ne sent rien. Il lève le bras droit et aussitôt, les battements de son cœur se répercutent dans sa tête. Il répète les mêmes mouvements jusqu’à ce qu’il ne lui reste aucun doute. Un sentiment d’insécurité l’envahit. Il tente de l’écarter en pensant au repos dont il a besoin, à la longueur des heu-

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