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LES DÉSIRS

que sont toutes les salles de rédaction des journaux.

Il s’était dès le début lié avec un compagnon de peine du nom de Médan, une belle imagination dont une affreuse maladie des poumons avait fait un vieillard à vingt-cinq ans. Ils avaient souvent dîné ensemble dans son petit appartement meublé, situé dans le quartier interlope. Ce Médan fabriquait en série des petits traités à deux sous pour un imprimeur. Il l’aidait parfois et tous les deux partageaient généreusement le cachet.

La loyauté au journal, la camaraderie lui avaient pendant deux ans empêché de voir la grandeur et les misères de ce métier. Au moment de quitter ce milieu, ses yeux s’étaient ouverts.

Il y avait deux ans de cela. « Que vais-je devenir ? se demande-t-il. Je suis trop pénétré de l’esprit de corps pour ne pas regretter les beaux côtés de ce sublime et dégradant métier. »

Dès que Lecerf eut appris la démission de son chef, il alla s’installer dans le bureau du directeur et pendant les trois semaines que l’autre passa au journal pour remplir les conditions de son contrat, il le traita comme un subalterne