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IV

Le Progrès de Deuville, l’unique journal du comté, a, sous l’influence de Cyrille Lecerf, son rédacteur adjoint, fait la campagne contre Auguste Prieur. Il a bataillé mollement, au gré de Lecerf, et celui-ci a beau jeu d’accuser le rédacteur en chef, dont il envie le poste, d’avoir, par son indécision, nui au candidat du Progrès.

Depuis l’arrestation de Bernard Massénac, le moineau qu’était Lecerf se croit un faucon. Il porte beau. Il maudit le temps où, par scrupule, il était serviable jusqu’à la servilité. L’élection de son ennemi va se tourner à son avantage. La veille, l’imprimeur a convoqué le rédacteur en chef, après la visite de Lecerf et lui a demandé sa démission.

— Je n’ai plus confiance en vous.

— Mais, monsieur, je n’ai rien fait pour être renvoyé comme cela. J’ai suivi vos directives.

— Et c’est moi qui ai eu tort n’est-ce pas ? Lecerf a plus de flair que vous. Quand je donne

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