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LES DÉSIRS

moment le plaisir de Lecerf. Quelques minutes plus tard, un taxi s’arrête à la porte, une jeune femme y monte. Il l’envoie chercher son avocat. Les deux policiers sont toujours dans la maison.

— Qu’est-ce qu’ils attendent donc ?

Le cri d’une sirène éclate derrière le restaurant ; d’autres lui répondent. Les policiers sont toujours enfermés avec Massénac.

À la fin, ils sortent, Massénac derrière eux, riant de toutes ses dents comme pour narguer Lecerf que pourtant il ne voit pas. Sans hâte, il referme la porte. Tous les trois montent dans la voiture qui démarre aussitôt.

L’enthousiasme de Lecerf se refroidit.

Cyrille Lecerf était un dévot consumé par l’ambition. Il mesurait à peine quatre pieds et dix. C’était la tragédie de sa vie. Il songeait sans cesse, à se poser, en causant avec un interlocuteur, dans une position élevée. Dans la rue, il manœuvrait pour tenir celui qui lui parlait sur la chaussée, pendant qu’il se haussait sur le trottoir.

Tous les jours depuis des années, il assistait dans le premier banc, à la messe du curé et, les jours de quête, il déposait ostensiblement un billet dans l’assiette. Membre actif des congré-