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ET LES JOURS

serments pour vous empêcher d’être conscrits en 1917 ? ». D’une seule voix, la salle avait répondu : « C’est toi. C’est pas Prieur. Il n’avait pas encore le nombril sec. » « Eh bien, rétorqua le tribun, si vous voulez me prouver votre reconnaissance, votez pour Prieur. » Ce fut désormais le point culminant de tous ses discours.

« Nachand et Lavisse, ses principaux lieutenants, s’efforçaient de cacher tout ce qui pouvait blesser le jeune avocat dont ils avaient besoin. Prieur faisait ses premières armes. Il avait une conception purement livresque de la politique, mais par contre, son blason était immaculé. Il appartenait par sa famille au milieu des chemins de fer, où son père était aimé, et par sa profession à l’aristocratie de Deuville. Il fréquentait Marguerite Lantoine et M. Lantoine commandait de puissants appuis financiers. Enfin, un de ses grands oncles avait joué un rôle sur la scène politique fédérale.

Pour toutes ces raisons, selon le mot de Lavisse, « on le tenait dans la ouate » et de peur qu’il ne se dégoûtât ou qu’il n’accumulât les impairs, on ne lui montrait que les beaux côtés