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ET LES JOURS

tout le monde sa réputation de politicien, mais quand, après la convention où il avait été choisi candidat, on lui dit qu’il ne pouvait être élu sans l’appui de Massénac, il fut profondément surpris.

— Bernard Massénac est l’homme qui contrôle le plus grand nombre de votes dans Deuville, lui dit Nachand. Il est très fier de son pouvoir.

— Quand voulez-vous que je le reçoive ?

— Ce n’est pas lui qui viendra à nous. Il faut que nous allions à lui.

Lavisse et Nachand entreprirent d’expliquer à Auguste Prieur la conduite qu’il devait tenir devant le tribun.

— Si tu lui plais, tu es assuré d’un vote considérable.

— D’ailleurs nous serons avec lui, dit Lavisse à Nachand. Il n’aura qu’à faire comme nous.

Prieur, conduit par ses amis dans la taverne où trônait le tribun trouva devant lui un homme d’environ soixante ans, aux cheveux encore noirs, au nez recourbé, aux vêtements fagotés. Le faux-col et les poignets de sa chemise, légèrement roulés, étaient crasseux. Le visage replet, d’une teinte grisâtre, à poil rare, était