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savez bien que ça ne prend pas. (Celle-là aussi. Il se mordit la lèvre.)

Il ne trouvait que des phrases toutes faites. Lui-même en avait un arrière-goût désagréable de ressassé. Il cherchait une occasion de dire une brutalité qui changeât l’atmosphère et le vengeât en même temps. Bonneville la lui donna. Le journaliste voulut lui expliquer que le maire avait été amusé par son article.

— Le maire… commença-t-il.

Le député, avec cette habitude qu’il avait acquise en chambre des répliques à l’emporte-pièce, l’interrompit triomphalement :

— Si vous travaillez pour le maire, allez vous faire payer à l’hôtel de ville, dit-il, feignant de croire à une impossible collaboration.

Sans attendre la réponse, il sortit dignement et referma non moins dignement la porte extérieure. Trop tard cependant pour ne pas entendre l’éclat de rire formidable qui secouait le journaliste. Car si Bonneville avait risqué ce coup, c’était après avoir adressé sa démission au directeur du journal.