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passage les hommes qui revenaient des pays neufs après des mois de privations et de fatigue dans la forêt.

Les fondateurs disparus, les capitaux furent engagés dans l’industrie ou dans la banque, mais leurs héritiers n’avaient ni l’éducation ni le caractère qu’il eût fallu pour faire oublier leurs origines. La génération de mon grand-père changea cet état de choses. Celui-ci avait cependant gardé de la démocratie une conception assez primitive. Ayant été maire pendant des années, quand il fut las de la charge, jugeant que la ville était son fief personnel, il fit élire un de ses suppôts contre le vœu de la population et de son parti.

Sous son administration, le clergé n’était pas moins despotique. Le supérieur de la communauté desservant Fontile disait à ses prêtres en leur confiant une cure : « Celui qui ne me rapporte pas $10.000, je l’envoie dans les missions ».

La génération de mon père comptait plusieurs millionnaires, vivant comme nous pour la plupart, à l’étage d’un magasin ou dans des maisons