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devait enjamber un coffre et un tabouret. Deux sièges complétaient l’ameublement.

Je pris place sur l’un d’eux. Mon hôte me rejoignit bientôt.

Vaillant appartenait à cette catégorie d’hommes qui vieillissent prématurément. Abattus par la fatigue et les soucis, les yeux dépigmentés, hésitaient entre le bleu déteint et le gris bleuté. Quand il souriait, on entrevoyait une rangée de courtes pointes blanches. Il présentait tous les signes extérieurs de l’épuisement précoce. Il avait l’élocution lente, l’allure penchée, le teint terreux des hommes à qui il reste tout au plus la force de prolonger une existence devenue problématique. Mais ce n’était là que des apparences. Car, sous ce front morbide, brûlait une vitalité mystérieuse, alimentée aux sources d’une ambition démesurée. La vie de Vaillant, dont les parents avaient été à l’aise, fut une suite ininterrompue d’épreuves, noblement acceptées, d’échecs publics, de faillites plus ou moins bien replâtrées. Il vivait maintenant de maigres suppléances. Il avait fondé plusieurs clubs politi-