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naissait, il devenait irascible. Il s’en prenait à tous ceux qui se trouvaient à sa portée, grossissait des vétilles, créant une atmosphère hystérique où les plus pondérés perdaient la tête.

Mais cette fois-là, il n’en fut rien. Je le voyais vieillir. Quelque chose de l’âme de son père, à qui il ressemblait, avait passé en lui. Lui, si orgueilleux, il paraissait vouloir se faire pardonner.

Le matin, Georges Lescaut vint me réconforter. Devant lui, je me sentis comme un enfant et je m’aperçus en lui parlant que j’avais profondément aimé mon grand-père.


Georges Lescaut était mon ami. Et pourtant je n’avais ressenti aucun besoin de l’entendre parler de sa vie ou des siens. Lui avais-je dit une seule fois combien il m’était cher et jusqu’à quel point j’avais compté sur lui ? Il sentait plus cruellement que moi mes échecs ; je n’avais pas à m’excuser devant lui de mes succès.