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ficultés avec le gérant, j’avais vu l’injustice dont il était victime plutôt que la cause de ses ennuis. Voici comment ma perspective commença à changer.

J’avais appris qu’à la suite du bal, André Laroudan avait revu Armande. Et dans mon désespoir, je me demandais si mon admiration qui laissait l’initiative à la jeune fille, l’idée abstraite que je me faisais de ses réactions et de ce qui était susceptible de lui plaire ne me plaçait pas, par rapport à Laroudan qui, lui, mettait au-dessus de tout son plaisir, dans un état d’infériorité. Les femmes ne perdent jamais de vue l’enjeu du mariage alors que la perspective du jeune homme qui aime, pour peu qu’il soit demeuré chaste, s’embrouille de conventions. Une certaine beauté désincarnée nous donne le change et nous sommes trop volontiers attirés par l’âme. C’est ainsi que je raisonnais dans mon trouble. Il me parut que Bonneville, devant moi seulement ou avec les jeunes gens qu’il réunissait, se plaçait sur un plan intellectuel, dont il descendait quand il s’agissait de la vie. Avec la