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— Mais ce sont des enfants ! Je les connais. Ils se réunissent à la maison.

— Méfie-toi, dit-il. Et après un moment de réflexion, il ajouta :

— En quels rapports es-tu avec Jean ?

— Que veux-tu dire ?

— Peut-il encore te parler ?

— Nous discutons de tout.

— Tant mieux. Il t’aidera.

L’été rapprochait l’écrivain de sa famille. Durant l’année, Georges et son fils, pris chacun de son côté par leurs occupations, le premier au journal, l’autre à l’université où il préparait sa licence de droit, avaient moins le temps de causer. Pourtant, tous les soirs, à la table, ils échangeaient des idées. Georges considérait celles-ci moins importantes que certaines attitudes devant la vie. Il disait : « Je ne tiens pas à ce qu’il pense ce que je pense, mais j’essaie de lui apprendre la liberté de pensée, le doute méthodique en tout ce qui n’est pas le dogme, la tolérance à l’égard de tous ceux qui diffèrent de nous. Pour le reste, ce que je fais compte plus que mes paroles. Je lui aurai appris à ne respecter l’opinion de personne à cause de son habit ou de sa fonction. »