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crutaient par centaines ; les uns amenés là par leurs convictions, les autres attirés par la promesse de coups de mains. Dans le parti, op les redoutait. Déjà, dans des élections partielles, ils avaient commencé « à faire leurs preuves ». On devait se rendre à l’évidence. Leur intervention était efficace.

Mayron se présenta au bureau de Georges Hautecroix, encadré de quatre individus costauds, qui se donnaient l’allure de tueurs à gages. À son entrée, l’écrivain ne reconnut pas dans le garçon agressif qui se tenait devant lui et qui pourtant n’avait pas changé de visage, le jeune homme poli dont il avait fait la connaissance deux mois plus tôt. Il eut l’impression que celui-ci venait prendre l’air du journal et mesurer un rival. « Il vient à moi parce qu’il s’est mis dans la tête que j’ai peur », pensa Georges, qui n’était pas si loin de compte. Ai-je peur ?

Sa secrétaire, troublée par l’allure patibulaire des gardes du corps avait tenté de les empêcher d’entrer en même temps que leur chef. Elle n’avait pas réussi et Georges avait dû intervenir. Mayron s’était excusé du bout des lèvres et, en ricanant doucement, il avait rétabli l’ordre et renvoyé ses acolytes dans le corridor. Il tenait son effet.