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reaux. Une clôture basse séparait le promontoire d’un abîme invisible au fond duquel se trouvait la plage qu’il avait visitée la veille. Dans l’herbe pointaient des pissenlits.

Vers dix heures, il se produisit une accalmie et Georges, que son hôte laissait libre jusqu’à l’heure du déjeuner, décida de s’aventurer du côté des jachères qu’il avait traversées la veille. Il voulait être seul pour rêver à Sylvie. Il marcha donc dans cette direction, gravit une colline et déboucha dans une clairière. À certains indices, il devina qu’il se trouvait en territoire militaire et même dans un endroit interdit aux civils. Par bonheur, il n’avait encore rencontré personne. Il se mit donc en devoir de retourner à la grand-route. À ce moment un violent orage éclata.

Détrempé et fourbu, il remontait la colline, se croyant seul, quand tout à coup, à un tournant, un garde monté à bicyclette et son fusil en bandoulière, apparut. Il était jeune, tête nue et la pluie ruisselait sur sa figure. La nature paraissait vraiment déchaînée. Il descendait la côte à toute allure, Georges la montait. Celui-ci vit le garde avant d’être vu de lui et le regardant bien en face, il lui dit :

« Il pleut, hein ? »