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    CANDIDATURE D’ALFRED DE VIGNY
 Il y avait alors, dans le monde littéraire, un 

gentilhomme de vieille souche qui, après avoir, par droit de naissance, servi dans la maison du Roi, avait quitté l’armée pour raison de santé, peu avant la révolution de Juillet. Plus propre à manier la plume que l’épée, il était devenu homme de lettres et avait, par des œuvres poétiques remarquables, par des romans de grand style, par des drames touchants, imposé à un nom honorable mais obscur une illustra- tion dont il était fier. Ce poète gentilhomme s’appelait le comte Alfred de Vigny. Il avait alors quarante-cinq ans, étant né à Loches, en Touraine,le 27 mars 1797(1).Le chantre d'Éloa, l’auteur deStello désirait, non sans raison,en- trer à l’Académie française;il pensait avoir plu-


(1)Cf. Alfred de Vigny,par Anatole France; Paris, Bachelin- Deflorenne,1868,in-18. Cette remarquable étude est une des premières œuvres de critique littéraire de mon ami, le poète Anatole France. — Voir aussi le Journal d’un poête, publié sur les manuscrits d’Alfred de Vigny par son ami et exécuteur testamentaire, M. Louis Ratis- bonne; Paris, Michel Lévy, 1867, in-12.