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Lorſque j’ai cru vous avoir tout dit, je m’apperçois que je ne vous ai pas parlé de cette bannière élégante, portée par des citoyennes, de ces étendards ceints de lauriers, de ces trophées ornés d’inſcriptions qui varioient & repoſoient la vue d’une manière ſi délicieuſe.

L’un me retraçoit l’infame trahiſon des Toulonnois : ce n’étoit plus des lauriers ; ce n’étoit plus des cyprès dont il étoit ceint ; c’étoient des ſerpents hideux, ſe déchirant les uns les autres, & nous rappelant la baſſeſſe & le ſort réſervé aux traîtres de Toulon.

Deux Bannières majeſtueuſes, dont l’une conſacrée aux défenſeurs de Landau, & l’autre aux vainqueurs de Toulon, effaçoient les impreſſions douloureuſes qu’avoit jeté dans nos cœurs l’infame étendard de Toulon.

Le drapeau du ſalut de la Patrie flottoit au milieu des étendards révérés de l’unité & de l’inviſibilité de la République.

On diſtinguoit encore des bannières conſacrées à la piété filiale, aux alliés de la République, à l’eſpoir de la Patrie, aux armées de la République, à la vigilance, &c.

Je ne puis point terminer la deſcription de cette fête, ſans vous rappeler les actes de bienfaiſance qui l’ont ſignalée : ſix citoyennes vêtues par la Nation, des patriotes unis à des patriotes & dotés par la République ; la charité bienfaiſante allant conſoler & rechauffer juſques dans ſa demeure le citoyen infirme, pauvre ou malheureux ; tels ſont les ornemens dont s’embellit ce beau jour.

Pourroit-on eſſayer de vous retracer ces ſcènes délicieuſes de la place de la Révolution, où le goût paroiſſoit le diſputer à la magnificence, & où tout un peuple ſembloit appeler à ſes fêtes les Alpes & les Pyrénées, dont le plus beau des