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On voyoit enſuite un char pompeux & triomphal décoré à la romaine, traîné par quatre chevaux ſuperbes, couverts de drapeaux tricolors. Sur ce char étoient aſſis & portés en triomphe les enfans adoptifs de la Patrie. Le Conſeil général de la Commune réuni aux Commiſſaires des ſections, précédoient ce char triomphal. Les femmes vêtues de blanc, à l’écharpe tricolor, ſuivies d’un nombre infini d’orphelins, ſuivoient et partageoient ce triomphe de la philoſophie. Un étendard majeſtueuſement déployé ſur la cîme du char découvert, annonçoit au peuple que les préjugés étoient détruits, & que la Patrie adoptoit ces enfans.

La ſtatue de la Liberté s’offroit enſuite aux regards du public : une jeune femme vêtue avec élégance & coiffée d’un bonnet rouge, étoit élevée au-deſſus du peuple, & portée par des Sans-culottes. Des citoyennes habillées de blanc entouroient cette Divinité protectrice, & portoient dans leurs mains les vaſes des libations & les emblêmes de la liberté. L’encens ne fumoit plus pour appaiſer un Dieu vindicatif ; les urnes n’étoient plus arroſées des larmes du repentir ; c’étoit l’épanchement naïf de nos ames : c’étoit l’expreſſion pure de nos ſentimens. Nos vœux n’étoient plus reſſerrés ſous des voûtes ſombres & lugubres : la ſeule voûte des Cieux nous ſervoit d’enceinte, & nos cœurs en rempliſſoient tout l’eſpace.

Le Repréſentant du Peuple & toutes les Autorités conſtituées, précédés des citoyens qu’on alloit unir à des citoyennes, entouroient la ſtatue de la Conſtitution ; elle tenoit dans ſes mains les tables ſacrées des Droits de l’Homme & de l’Acte conſtitutionnel. Une inſcription placée à ſes pieds, rappeloit au peuple que le ſalut public eſt dans la Loi. Des Vétérans, des Invalides & des Enfans, réunis par un ruban aux trois couleurs, entouroient le grouppe de tous les Corps adminiſtratifs & judiciaires.

Quatre chevaux blancs traînoient le char de nos frères