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comptait néanmoins leur temps pour rien. Il n’était pas rare qu’il fît attendre deux et trois heures, dans ses antichambres, les ministres ou les membres de ses conseils, quoiqu’il eût fixé l’heure lui-même. On le voyait souvent, lorsqu’il avait ouvert la séance du conseil de ses ministres, s’occuper longtemps d’objets étrangers au travail pour lequel on était convoqué ; et, après plusieurs heures de digressions sur des matières étrangères, renvoyer le travail à un autre jour, ou le presser tellement qu’on avait à peine le temps de lire les titres des rapports. C’est surtout lorsqu’il était préoccupé d’un objet qu’il se livrait à ces digressions ; il parlait pendant des heures entières sur cet objet et tâchait de former l’opinion de ses ministres pour qu’ils éclairassent le public et donnassent une explication favorable de tous les actes de son gouvernement.

Il développait, dans toutes ces circonstances, un grand talent et surtout une grande adresse. Il ne manquait jamais de motifs pour tâcher de légitimer les mesures les plus