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pour me rendre maître de toutes ses places fortes, et ma campagne était perdue pour la conquête de l’Italie. Je menaçai le Roi d’une invasion. Il m’ouvrit ses places, et je pus poursuivre Beaulieu sans lui donner le temps de se rallier. »

« La prise de Rome, dans la même campagne, m’aurait fait perdre vingt jours dont l’archiduc Charles aurait profité. Je menaçai le Pape, qui racheta ses États moyennant trente millions, dont j’avais grand besoin, et je poursuivis l’archiduc. On traite toujours plus favorablement, disait-il, avec un souverain qui n’a pas quitté sa capitale et qu’on menace, qu’avec celui qu’on a forcé d’en sortir. Mon traité de Campo-Formio a été proposé et conclu d’après ces principes. Je n’ai menacé Moscou que pour obtenir un semblable résultat. L’effet a tourné contre moi dans cette circonstance. »


Napoléon portait dans la guerre ce caractère d’insensibilité qui, dans toutes les phases de sa