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fois, faire donner des ordres pour qu’on n’exportât pas tel et tel article dont il avait permis la sortie, parce qu’il venait de lire dans les papiers anglais qu’on voyait avec plaisir que l’Empereur laissât sortir cet objet. L’armateur se voyait alors obligé de refaire sa cargaison à grands frais et d’éprouver des pertes considérables sur les premiers objets de ses spéculations.

En suivant un système aussi contraire aux intérêts du commerce, aurait-il dû être étonné d’être un objet d’horreur aux yeux des commerçants ? Sans doute, le négociant sait faire le sacrifice de sa fortune et de son travail lorsque l’honneur ou l’intérêt de la nation commandent une guerre ; mais dans le cas où l’ambition insatiable d’un chef, dans le cas où le caprice lui commande des mesures absurdes et contraires à ses intérêts, alors il reprend toute sa dignité, il oppose de la résistance et voue la haine et le mépris à l’homme qui abuse de son pouvoir.

L’Empereur n’avait jamais réfléchi sur la