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vingt millions de Français eussent suivi son exemple, et que la France serait déjà dégagée de ses liens honteux avec Rome et de plusieurs préjugés qui avilissent la nation. Tant que la foi catholique, apostolique et romaine a été le principal et presque le seul mobile des consciences, il a fallu sans doute, disait-il, que les chefs du gouvernement caressassent l’idole où se rattachait toute la croyance ; mais du moment que les lumières ont jeté du ridicule sur cette théocratie, il eût fallu en profiter pour secouer ce joug humiliant. Un pouvoir étranger qui dispose des cœurs a plus d’empire que celui qui dispose des corps. Il forme à son gré l’amour ou la haine contre le souverain, et ce dernier est sous sa dépendance dans ce qu’il a de plus cher et de plus sacré ».

Lorsque le Pape fut appelé à Fontainebleau, Napoléon avait cru qu’en le privant de son entourage il en viendrait plus aisément à bout. Il plaça auprès de lui le cardinal de Bayane, l’archevêque de Tours, l’évêque de Nantes et celui