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sous l’administration d’un écolier se croit humilié par ce choix ; sa confiance dans le chef du gouvernement s’affaiblit ; son respect pour la magistrature n’existe plus, et le mépris pour l’administrateur relâche bientôt les liens qui doivent l’attacher au monarque. La résistance à un pouvoir mal placé s’établit peu à peu. La lutte s’engage, et l’administré, qui ne peut se rattacher au chef par un mandataire qu’il n’estime point, ne tarde pas à avoir pour le chef les sentiments que lui inspire l’agent qui le représente.

Comme Napoléon avait réuni dans sa main tous les pouvoirs, il voulait avoir dans les provinces des instruments serviles et passifs de ses volontés. Il se croyait assez fort pour tout gouverner de cette manière. Les hommes instruits lui paraissaient déplacés par cela seul qu’ils pouvaient raisonner sa conduite ; les hommes aimés et estimés étaient bientôt déplacés, par cela seul qu’ils partageaient avec lui l’amour des administrés. Il poursuivait son système d’administration jusque dans les dernières ramifications. Il préférait un administrateur craint à un administra-