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sulté personne ; ou, s’il consultait, ce n’était plus pour embrasser les avis qu’on lui donnait. Il suivait constamment ses idées ; son opinion était sa seule règle de conduite ; il se moquait avec aigreur de tous ceux qui émettaient un avis différent du sien ; il cherchait à les tourner en ridicule et disait souvent, en se frappant la tête, que « ce bon instrument lui était plus utile que les conseils des hommes qui passaient pour avoir de l’instruction et de l’expérience ».

Il faut avoir observé cette période de quatre ans pour bien juger des changements qui se sont opérés chez le premier Consul. Jusque-là, il cherchait à s’entourer des esprits les plus forts dans chaque parti. Bientôt le choix de ses agents commença à lui paraître indifférent. Aussi appelait-il indistinctement dans son conseil et aux premières places de l’administration ceux que la faveur ou l’intrigue lui présentaient, se croyant assez fort pour gouverner et administrer par lui-même. Il écartait même avec soin tous ceux dont le talent ou le caractère l’importunaient. Il lui fallait des valets, et non