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tion, il lui échappait souvent des aperçus profonds, des réflexions judicieuses qui étonnaient les hommes les plus versés dans ces affaires.

Les conseils se prolongeaient souvent jusqu’à cinq heures du matin, parce qu’il ne lui est jamais arrivé d’abandonner une question sans que son opinion fût faite ; et, à ce sujet, il était assez difficile, parce qu’il se contentait rarement de celle qui était produite par les hommes les plus éclairés. À cette époque, les ministres et le conseil d’État avaient sur lui quelque pouvoir. Son jugement n’étant pas encore formé sur la plupart des sujets, il souffrait la discussion, et c’était possible alors de l’éclairer, souvent même de faire prévaloir l’avis qu’on émettait en sa présence. Aussi cette époque a-t-elle été marquée par des travaux en jurisprudence, en administration et en finances qui ont été admirés de toute l’Europe et qui feront longtemps l’orgueil de la France.

Mais, du moment que Bonaparte a eu des idées, vraies ou fausses, arrêtées sur tous les objets d’administration, alors il n’a plus con-