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Bonaparte avait un mérite qui est d’autant plus rare qu’on est parvenu à un rang plus élevé. Il ne rougissait pas du peu de connaissances qu’il avait dans les détails de l’administration générale. Il questionnait beaucoup, demandait la définition et le sens des mots les plus usités ; il provoquait la discussion et la faisait continuer jusqu’à ce que son opinion fût formée. Comme il lui est arrivé souvent d’entendre mal les mots qu’on prononçait devant lui pour la première fois, il les a reproduits constamment par la suite tels qu’il les avait entendus. Ainsi, il disait habituellement :

Îles Philippiques pour Philippines ;

Section pour session ;

Point fulminant pour point culminant ;

Rentes voyagères pour rentes viagères ;

Armistice pour amnistie, etc.

Dans les quatre années de son consulat, il réunissait chaque jour plusieurs conseils. Là, tous les objets d’administration, de finances, de jurisprudence, étaient successivement agités. Et comme il était doué d’une grande pénétra-