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ſont plus baſſes que le ſol de l’extérieur de la Ville, de façon que l’eau & toutes les immondices de la Ville croupiſſent devant les portes. Les rez-de-chaussée, qui ſont les ſeules parties habitées par le peuple, ſont encore plus bas que la rue, & ne reçoivent de jour que par la ſeule moitié de la porte qui n’eſt pas enfouie, ou tout au plus, par une petite fenêtre placée à côté ; en ſorte que les malheureux qui les habitent, ne reſpirent que l’air empoiſonné de la rue, qui n’étant point renouvellé dans ces grottes, s’y vicie encore plus & devient mortel. On conçoit ſans peine, ce que ce doit être lorſque pluſieurs malades ſe trouvent réunis dans ces ſouterrains ; non-ſeulement ces habitations n’ont pas leurs ſemblables, mais l’imagination n’en peut point créer d’aussi vicieuſes.

D’UN autre côté, l’indolence qui s’est emparée de ce peuple, qui n’a qu’une récolte & une ſaiſon de travail ; l’abattement & le découragement que lui inſpire ſa ſituation ; les vexations qu’on exerce ſur lui pour percevoir des impoſitions auxquelles ſa ſanté & ſa miſère lui refuſent de pourvoir ; tout cela le prépare à toutes les maladies qui le déſolent, & rien, autour de lui, n’eſt en état de l’en garantir.

LORSQUE ces Lieux étoient habités par des gens opulents ; lorſque les riches Habitans de Montpellier avoient leurs maiſons de campagne à Villeneuve, à Mireval & à Frontignan, alors le peuple étoit excité au travail, & jouiſſoit de la ſanté, parce qu’elle eſt le fruit de la gaieté & de l’aiſance ; mais aujourd’hui il ſe croit pourſuivi par un deſtin fatal & inévitable, il ne cherche pas même à lutter contre le danger. Ces grandes maiſons abandonnées & tombant en ruine, quelques Habitans diſpersés çà & là parmi tous ces débris, des enfants languiſſans, le ſpectacle