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Essai

la nature de leurs productions, on croiroit souvent que tous les climats, toutes les espèces de terre, ont concouru à fournir des produits qui, par le fait, ne sont que le fruit naturel de terreins contigus et différemment exposés.

Cette différence dans les produits provenant de la seule exposition se laisse appercevoir dans tous les effets qui dépendent de la végétation : les bois coupés dans la partie d’une forêt qui regarde le nord, sont infiniment moins combustibles que ceux de même espèce élevés sur les côtés du midi. Les plantes odorantes et savoureuses perdent leur parfum et leur saveur dès qu’elles sont nourries dans des terres grasses exposées au nord. Pline avoit déjà observé que les bois du midi de l’Apennin étoient de meilleure qualité que ceux des autres aspects ; et personne n’ignore ce que peut l’exposition sur les légumes et sur les fruits.

Ces phénomènes sensibles pour tous les produits de la végétation, le sont sur-tout pour les raisins ; une vigne tournée vers le midi, produit des fruits très-différens de ceux que porte celle qui regarde le nord. La surface plus ou moins inclinée du sol d’une vigne, quoique dans la même exposition, présente encore des modifications infinies. Le sommet, le milieu, le pied d’une colline, donnent des produits très-différens : le sommet découvert reçoit à chaque instant l’impression de tous les changemens, de tous les mouvemens qui sur-