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tout temps, a-t-on fait aux Médecins un reproche qui les honore.

Après avoir donné à l’homme une connoissance exacte de son être et de ses facultés ; après lui avoir marqué sa véritable place dans la chaîne des êtres créés ; ce qu’il importe le plus, c’est de lui fournir les moyens d’être utile à la société. Or, ils sont tous, ces moyens, dans l’art de conserver ou de rétablir la santé, dans l’art de faire prospérer l’agriculture, ou d’éclairer les arts. Ce sont là, si je ne me trompe, les vrais et les seuls canaux de la prospérité publique. Les études de la médecine ont toutes pour objet d’atteindre ce but : la chimie éclaire la pratique de presque tous les arts ; elle présente et fait connoître les principes généraux qui s’appliquent à tous ; elle est l’œil de tous les atteliers ; de manière que le Médecin-Chimiste peut, non-seulement, naturaliser dans sa patrie des arts qui y étoient inconnus ; mais il peut encore porter la lumière dans les fabriques qui y existent, y simplifier les procédés, les élaguer de tous les préjuges dont la rouille des temps les a surchargés, et les mettre au niveau de nos connoissances.

Le Médecin-Botaniste éclairera ses concitoyens sur les usages économiques de plusieurs végétaux précieux, dont le défaut de connoissance leur avoit jusqu’alors caché l’existence ou dérobé les vertus ; il leur apprendra à acclimater et à naturaliser des productions étrangères qui ne demandent qu’un terrain approprié, une exposition favorable et une culture bien entendue pour prospérer.

Le Médecin paraît donc se diviser ou se multiplier, pour ainsi dire, dès qu’il est question d’être utile ; il embrasse tous les besoins de la société pour satisfaire à tous : et lorsqu’après