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peut comparer cet effet au phénomène que nous présente le mélange de deux liqueurs de densité et de pesanteur inégales.

Il est difficile de concevoir ce phénomène, sans admettre un fluide particulier qui passe d’abord du corps qui chauffe à celui qui est chauffé, se combine avec le dernier, y produit les effets dont nous venons de parler, et s’échappe ensuite pour s’unir à d’autres corps selon ses affinités et la loi de l’équilibre vers lequel tendent tous les fluides.

Ce fluide de la chaleur que nous appellons calorique est contenu en plus ou moins grande quantité dans les corps, selon les divers degrés d’affinité qu’il a avec eux.

On peut employer divers moyens pour déplacer ou chasser le calorique : le premier, c’est par la voie des affinités ; par exemple, l’eau versée sur l’acide sulfurique chasse la chaleur et prend sa place, et tant qu’il y a dégagement de chaleur le volume du mélange ne s’accroît pas en proportion des substances mélangées, ce qui annonce pénétration, et on ne peut la concevoir qu’en admettant que les parties intégrantes de l’eau prennent la place du calorique à mesure qu’il se dissipe. Le second moyen de précipiter le calorique est le frottement et la compression ; dans ce cas on l’exprime comme on exprime l’eau d’une éponge ; à la vérité toute la chaleur