Page:Chappellier - Notes sur la Langue internationale, 1900.pdf/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cette différence d’origine entre ces deux langues artificielles est certainement, si ce n’est l’unique, au moins la seule qui ait une véritable importance ; mais elle ne suffit pas pour conclure à la supériorité de la nouvelle sur l’ancienne. Aussi, l’échec du Volapuk constitue bien un fâcheux pronostic pour l’avenir de l’Espéranto en particulier et une objection sérieuse contre la possibilité en général du succès d’une langue artificielle quelconque.


Deuxième objection contre la langue artificielle :

INDIFFÉRENCE DU PUBLIC

Je trouve cette objection citée dans la brochure de M. Couturat. La voici : « Chacun des intéressés attend pour apprendre une langue internationale qu’elle puisse lui servir, c’est-à-dire que tous les autres l’aient apprise avant lui. » De son côté, M. Laisant nous dit : « Un savant considérable auquel on exposait la question répondait ironiquement : J’attendrai pour apprendre l’Espéranto que dix millions d’hommes le parlent. »

Inutile de dire qu’après avoir cité ces opinions, MM. Couturat et Laisant les combattent. Il n’en est pas moins vrai que ce sont ces opinions qui ont détourné de l’étude d’une langue artificielle des millions d’invididus, et je suis de ce nombre.

J’ai d’assez nombreuses relations, dont quelques-unes en Angleterre et en Allemagne ; eh bien, je ne connais pas une seule personne, soit en France, soit à l’étranger, avec laquelle je puisse m’entretenir ou correspondre en Espéranto. À quoi me servirait dès lors d’apprendre cette langue ? S’il me prenait la fantaisie d’étudier une langue autre que la mienne, je préférerais une langue vivante, l’anglais par exemple, qui me mettrait immédiatement en communication avec plus de 150 millions d’hommes.

Cette indifférence a été un des obstacles au succès définitif du Volapuk. Les lignes que je viens de citer et que j’ai été heureux de voir reproduites — quoique combattues — par