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Parmi les Français, les Russes, les Allemands… qui ont besoin d’une langue internationale, à ce point de vue spécial du commerce ou des voyages, en trouverez-vous beaucoup qui n’aient pas, dès à présent, choisi dans ce but la langue anglaise ? Espérez-vous la leur faire abandonner pour apprendre l’Espéranto ou toute autre langue artificielle qui n’aura cours ni en Angleterre, ni aux États-Unis, et qui dans les autres pays n’obtiendra, en mettant les choses au mieux pour vous, qu’un succès restreint ?

Un linguiste très autorisé est encore plus modéré que vous. Il écrit :

« Le Touring-Club, en prenant l’Espéranto sous sa protection, en a bien reconnu le caractère : c’est essentiellement la langue du vélocipède ; le cycliste en peut emporter la grammaire dans ses bagages avec sa clé et sa burette. »

Les modérés ne me semblent pas avoir beaucoup plus de chance de succès que les exaltés.

Pour résumer ce paragraphe relatif à la concurrence aux langues vivantes, répétons que si la langue artificielle avait — ce qu’heureusement elle n’a pas — toutes les qualités que vous lui attribuez, elle « tuerait », c’est votre expression, l’exploitation de l’enseignement des autres langues dont vous prétendez qu’elle est la meilleure amie.

De tout ce qui précède, il résulte pour moi la conviction qu’une langue artificielle ne peut remplir le rôle de langue internationale ; mais, s’il est bon de diagnostiquer la maladie, il serait encore meilleur d’indiquer le remède. Je crois l’avoir trouvé, et je l’ai indiqué au Congrès pour l’enseignement des langues vivantes.