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Les auteurs de ces deux variétés d’espéranto et de celles qui pourront survenir plus tard feront bien d’en confier la rédaction aux quarante immortels ; en effet, un de leurs collègues, M. le général Sebert, de l’Institut, nous dit : « L’Académie devra forcément intervenir un jour pour la préparation des vocabulaires techniques spéciaux qui seront nécessaires pour compléter les manuels d’usage courant actuels. »

La variabilité, l’instabilité sont donc des défauts inhérents à toute langue artificielle.

Les promoteurs de la délégation vont me répondre : « Mais nous avons une garantie contre cette instabilité ; c’est la réunion internationale des académies qui se chargera du soin de maintenir envers et contre tous l’intégrité du nouvel idiome, et d’empêcher le moindre écart d’où qu’il vienne. »

Et d’abord, cette réunion des académies sera-t-elle favorable à votre projet et voudra-t-elle se charger de cette mission ? Quand on voit l’Académie française travailler depuis tant d’années à faire le dictionnaire français, peut-on espérer que l’association internationale des académies, composée d’éléments aussi disparates, et qui ne se réunira que tous les deux ou trois ans, pourra remplir une pareille mission ?

Mais vous craignez vous-même qu’elle ne l’entreprenne pas, et c’est pour cela que vous avez à l’avance prévu son refus et décidé que dans ce cas, c’est le comité élu par vous qui la remplacera.

C’est donc ce petit cénacle de quelques savants qui se chargera de veiller à l’inaltérabilité de ce nouvel idiome ; c’est lui qui s’arrogera le droit de morigéner et de mettre à la raison celle des nations qui se permettrait d’y introduire des modifications ou des perfectionnements. Cet échafaudage ne tient pas debout.

À propos de cette instabilité de la langue artificielle, qu’il me soit permis d’anticiper sur ce que j’aurai à dire à la fin de