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qu’il avait partagées avec la femme aimée dans un paysage bucolique, termine ainsi :


J’y retournai quinze ans plus tard. La folle avoine
De tons fades avait jauni le champ vermeil,
Et sur la roche, hélas ! sommeillaient au soleil
Deux compagnons de saint Antoine.

N’est-ce pas la paraphrase, le développement de cette pensée : Tempus edax rerum, la constatation de la destruction par le temps de tout ce qui nous est cher ?

Mais il y a une pensée là dedans ! Le seul défaut que j’y trouve, c’est de n’être pas exprimée assez énergiquement.

Que M. W. Chapman lise donc la Charogne de Baudelaire : il nous en donnera des nouvelles dans le prochain numéro du Bon Combat " .........

J’ai fait ce que M. Fréchette m’a conseillé ; j’ai lu la fameuse pièce des Fleurs du Mal, et j’ai constaté qu’Une Charogne est — comme son nom l’indique — la plus abominable chose qui soit tombée d’une plume réaliste.

Je n’ai, cependant, remarqué dans cette pornographie — dont M. Fréchette s’est autorisé pour se faire remplacer avec la femme aimée par deux pourceaux — rien qui puisse égaler la platitude et la niaiserie de la dernière strophe de ce qu’il appelle ses Souvenirs de Jeunesse.

Même, je n’ai pu me défendre d’admirer dans la pièce de Baudelaire les vers ci-dessous qui, malgré la pénible sensation qu’ils vous font éprouver, peignent si bien le néant de la nature humaine :