pourrai leur révéler quand le Bon Combat m’aura passé la gaule, je vais comparer deux strophes des Foins d’André Theuriet avec une dizaine de vers de Première moisson de M. Fréchette :
Au clair appel du coq chantant sur son perchoir,
Les faucheurs se sont mis à l’œuvre, et la prairie
Dans la blanche rosée a déjà laissé choir,
Derrière eux, un long pan de sa robe fleurie.
Et, sous l’effort commun, le sol transfiguré
Laisse choir tout un pan de son manteau doré.
Les bruissantes faux, vibrant à l’unisson,
Ouvrent dans l’herbe mûre une large tranchée ;
Deux robustes faneurs, là-bas, fille et garçon,
Retournent au soleil l’odorante jonchée.
La javelle, où bruit un essaim de grillons,
S’entasse en rangs pressés au revers des sillons
Dont le creux disparaît sous l’épaisse jonchée ;
Chaque travailleur s’ouvre une large tranchée.
Toute la différence qu’il y a encore ici, c’est que Theuriet a le foin, et M. Fréchette la… paille.
D’après ce qu’on vient de voir, le foin doit assurément, même en poésie, avoir plus de prix que la paille… volée.
Une autre fable, M. Fréchette !