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sa réputation sur un volume aussi faible, et il résolut de faire une pièce de résistance qui pût soutenir ses futures Feuilles volantes.

Sachant, néanmoins, qu’il était incapable de créer seul quelque chose d’assez fort pour faire passer sa marchandise et sauver ce qu’il appelait sa réputation, il voulut tenter une nouvelle hardiesse de maître : il adressa aux principaux poètes canadiens une circulaire les invitant à écrire sur un sujet donné une pièce qui ne devait pas dépasser cent vers, pour voir — disait la teneur de l’étrange invitation — les couleurs que chaque artiste pourrait tirer de sa palette.

C’était M. Fréchette qui devait, naturellement, être le juge de cette espèce de concours, et il s’engageait à concourir lui-même, c’est-à-dire à se mettre dans l’obligation de s’en rapporter, quant au mérite de ses vers, à la décision de l’auteur de la Légende d’un Peuple !

Est-ce un comble assez comble, celui-là ?

Le thème que M. Fréchette donnait à ses confrères lui avait été inspiré par le souvenir d’une soirée charmante qu’il avait, lors de son dernier voyage en Europe, passée, en compagnie d’une dame de Nantes, à faire la chasse aux vers luisants sur le bord d’une grande route de la Bretagne.

Ainsi donc, M. Fréchette ayant été acteur dans