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jours, avec ses agiotages et ses raffinements de toute sorte, ne l’a énervé en aucune façon. Il est toujours robuste, toujours vaillant, toujours chevaleresque. Passionné pour les choses qui l’emportent vers l’idéal, il a gardé ses traditions et ses croyances avec une fermeté dont l’Histoire n’a jamais donné un plus imposant exemple.

Les descendants du Cid n’ont absolument rien perdu de leur valeur guerrière, et le spectacle qu’ils donnent au monde d’un peuple de quinze millions luttant contre une nation qui en compte soixante et dix frappe même leurs adversaires d’une admiration sans bornes. Malheureusement, les Espagnols, comptant trop sur leur bravoure, ont négligé de se renseigner sur les perfectionnements que la science des massacreurs d’hommes a apportés récemment chez les autres grandes puissances. La résultante de cette négligence sera indubitablement la victoire des champions du matérialisme américain ; mais la défaite des Espagnols n’amoindrira aucunement le prestige dont ils ont toujours joui comme guerriers, et elle laissera à l’horizon du siècle expirant des rayons dont rien ne pourra ternir le fulgurant éclat.

En attendant que la douce voix de la paix remplace les bruits terrifiants de la guerre, nous formons les vœux les plus ardents pour la noble sœur de la France, et nous faisons retentir, sur les bords du Saint-Laurent, ce cri, où vibre tout notre cœur : Viva Espana !

Québec, juin 1898.