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Viens, et fouette cet homme avec ta corde auguste !
C’est grâce à lui qu’un jour l’Histoire en deuil dira :
— La France secourut l’Amérique, et tira
L’épée, et prodigua tout pour sa délivrance,
Et, peuples, l’Amérique a poignardé la France ! —


Albert Delpit n’a pas flagellé avec moins de vigueur et d’indignation le peuple américain applaudissant à l’écrasement de la France :


Nous oublions trop vite. Un peuple triomphant
Nous devait tout : c’était à moitié notre enfant.
……………………………………………………
Eh bien ! ce peuple fort, riche, heureux et puissant,
Aurait pu, dédaigneux de sa dette de sang,
À la France vaincue et roulant de son trône
Envoyer sa pitié, du moins, comme une aumône !
Car nous ne demandions ni troupes ni vaisseaux.
Le Yankee aurait pu, sans rompre les faisceaux
De ses fusils, aider la France moribonde
Avec un mot jeté de l’autre bout du monde.
C’était trop, paraît-il. Le Yankee a fait mieux,
Et de l’immensité des vagues et des cieux,
Nous vîmes, un matin, échouer au rivage
L’ignominieux cri de sa haine sauvage.