Page:Chapiseau - Au pays de l’esclavage, 1900.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la végétation des ravins et des parties élevées du sol.

Partout où le feu étend annuellement son action dévorante, la lorêt vierge disparaît, les grands fromagers, atteints par les flammes, brûlent, lentement consumés par un feu intérieur qui dure plusieurs semaines, invisible et tenace. Puis, tout à coup, le splendide édifice de verdure s’abat comme un géant atteint au cœur, et bientôt il ne reste plus qu’un monceau de cendres, engrais fécond qui assurera pour plusieurs années un rendement supérieur aux plantations des naturels.

Avec les colosses des bois, disparaît la végétation parasite des lianes élégantes. Richesse ignorée du sauvage, la vigne seule oppose au fléau une résistance désespérée. Brûlée tous les ans, tous les ans elle jette des pousses nouvelles qui dépassent deux mètres de hauteur, et pour peu qu’un hasard heureux l’ait préservée une seule fois du fléau, elle étend joyeusement ses longs pampres verts. Toutes les plantes délicates de la prairie, toutes les fleurettes du sous-bois, tous les arbustes et tous les arbres que la nature n’a pas suffisamment armés, ont rapidement disparu. Aussi le sol ne donne-t-il plus vie qu’aux plantes bulbeuses, aux