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DE LA NOUVELLE-FRANCE

et du vaisseau même du capitaine qui avait fraudé, et que les embarquements ne se feraient qu’entre deux soleils ; que le reste me paraissait inutile pour leurs intérêts, mais de très grande conséquence pour le soulèvement que cela pourrait causer quand on verrait qu’on voudrait ôter la liberté qui est toujours l’âme de tous les commerces. Il témoigna déférer en quelque façon à mes raisons et ne vouloir point accorder au sieur Bazire ce qu’il souhaitait. Cependant quelques jours après il répondit sa requête d’une manière qu’il lui accordait indirectement ce qu’il demandait, puisqu’en défendant aux habitants ou à qui que ce soit de donner ou recevoir des pelleteries qu’elles ne fussent marquées, il les engageait tacitement à cette déclaration précise que le sieur Bazire demandait[1]. Nous n’avons ici qu’une version de l’affaire ; celle de Talon nous manque malheureusement. Dans sa réponse au gouverneur, Colbert évita de se prononcer sur le mérite de la question. Nous lisons dans sa lettre du 13 juin 1673 : « Sur la requête qui a été présentée à M. Talon par le commis de la Compagnie, au bas de laquelle il a mis la permission de visiter les maisons des habitants pour faire payer le droit des pelleteries, permission dont il a depuis, sur la requête des mêmes habitants, suspendu l’exécution, je vous dirai que l’intention de Sa Majesté est que vous employiez toute l’autorité qu’elle vous a mise en mains pour faire payer exactement les impositions qui sont établies, remédier à tous les abus qui se peuvent commettre et faire en sorte qu’aucun ne s’ex-

  1. Frontenac à Colbert, 2 novembre 1672 ; Arch. prov. ; Man. N. F., 2ème série, vol. II.