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JEAN TALON, INTENDANT

Les bourgeois non taillables et habitants des villes franches et leurs femmes auraient, dans les mêmes cas, moitié de la pension attribuée aux nobles. En juillet 1667, on étendit à tous les sujets du roi les pensions accordées aux gentilshommes[1]. Dans l’édit de 1666, comme dans celui de 1669, on excluait les enfants qui avaient embrassé l’état religieux, pour la computation du nombre privilégié. C’était toujours la suite du fâcheux préjugé souvent signalé par nous dans ces pages.

Le 16 avril 1669, le Conseil du roi rendait un autre arrêt qui accordait aux habitants du Canada les mêmes avantages qu’à ceux du Havre pour l’entrée de la morue dans le royaume, et qui mettait le charbon de la colonie sur le même pied que celui de France.

Colbert voulait évidemment que cette année fît époque, comme celle de 1665, dans les annales de la Nouvelle-France. Durant tout ce printemps on le voit occupé à organiser les envois. Il est tellement pénétré et satisfait de l’importance des renforts qui vont être expédiés par ses soins, qu’il lui tarde d’en informer M. de Courcelle. Il lui écrit le 15 mai : « Quoique vous deviez apprendre par M. Talon tout ce que le roi fait pour le dit pays cette année, je ne laisserai pas de vous dire en trois mots que Sa Majesté a employé plus de 200,000 livres pour toutes les choses qu’elle a estimé nécessaire d’y faire ; qu’il passe 150 filles pour y être mariées, six compagnies effectuées de 50 hommes chacune, avec plus de 30 officiers ou gentilshommes pour s’y établir tous, et plus de 200 autres personnes qui passent pareillement dans cette vue. Vous voyez bien qu’un effort

  1. — Henri Martin, Histoire de France, vol. 13, p. 88.