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JEAN TALON, INTENDANT

l’écorre de la roche qui couvre cette mine. J’essaierai néanmoins de la trouver en biaisant, parce que nonobstant qu’il y en ait une très bonne au Cap-Breton, les vaisseaux qui arrivent à Québec s’y chargeraient avec plus de facilité qu’ils ne feraient ailleurs[1]. »

Une mine de charbon à Québec, dans les flancs du rocher que couronnent aujourd’hui la terrasse Dufferin et le Château-Frontenac ! N’est-ce pas là vraiment une étrange histoire ? Le texte de Talon est sous nos yeux ; il affirme qu’on a trouvé du charbon en cet endroit, et que ce charbon chauffe la forge ! Immédiatement, on se pose cette question : Qu’est devenue cette mine ? Si elle a vraiment existé, elle n’a pas pu se dissoudre comme la neige de nos hivers sous les rayons du soleil printanier. Et si elle n’était qu’un mythe, comment expliquer la lettre et l’affirmation de Talon ? Nous renonçons à la solution du problème et laissons le champ libre aux conjectures de nos lecteurs.

L’établissement des manufactures était un des sujets sur lesquels Talon avait adressé des mémoires à Colbert dans l’automne de 1665. On se rappelle que le ministre ne lui avait guère donné d’encouragement à ce propos. Mais l’intendant ne s’était point laissé rebuter, et, en 1668, des fabriques de souliers et de chapeaux étaient commencées. On projetait aussi des manufactures de toiles et de cuirs et l’on attendait que la multiplication des moutons produisît suffisamment de laine pour tenter la fabrication des draps[2]. Bref, grâce aux efforts de l’intendant, on voyait poindre l’industrie canadienne.

  1. Talon à Colbert, 27 oct. 1667 Arch. féd., Canada, corr. gén. vol. II.
  2. — Relation de 1668, p. 3.