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JEAN TALON, INTENDANT

pour raison qu’il importait d’attirer dans le pays cette sorte de monnaie dont le besoin se faisait sentir. Le résultat dépassa le but visé. Après la publication de cette ordonnance il arriva qu’on importa de France une si grande quantité de sous parisis ou sous « marqués » qu’on ne vit presque plus d’autre monnaie.

À la séance du dix janvier 1667, le procureur général représenta que cela portait un très grand préjudice au public en ce que certains marchands forains[1], considérant la différence de l’augmentation de cette espèce comparée aux autres, invoquaient ce prétexte pour renchérir abusivement leurs marchandises. Et il conclut à ce que les dits sous « marqués » fussent réduits sur le pied des autres monnaies. Sur ce, le conseil ordonna que ces sous n’auraient cours qu’au prix de vingt deniers pièce à partir du premier février. Cela faisait une perte assez considérable pour ceux qui s’en étaient nantis et qui les avaient reçus au taux de vingt-quatre deniers. Mais le conseil y obviait en ajoutant que, du dix janvier au premier février, les possesseurs des sous « marqués » pourraient les déposer entre les mains du sieur

    d’ailleurs le témoignage autorisé de Talon, qui, en 1669, écrit au bas d’une pièce de comptabilité : « Le tiers en sus, à cause de l’augmentation des espèces, l’écu blanc (3 livres) valant au Canada 4 livres. »

    M. Faillon a reproduit l’affirmation de Pierre Boucher sans remarquer l’erreur commise. « Le numéraire, dit-il, avait un quart de plus de valeur qu’en France : une pièce de quinze sous, par exemple, en valait vingt au Canada. »

  1. — Les marchands forains étaient ceux qui ne demeuraient pas dans la colonie, mais qui venaient de France commercer ici dans l’été et s’en retournaient à l’automne.