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JEAN TALON, INTENDANT

il avait dû battre en retraite, probablement sur les instances de M. de Tracy[1].

Le corollaire de cette lettre se rencontre dans le « mémoire sur l’état présent du Canada », que Talon, rédigea pour Colbert un an et demi plus tard[2]. On y retrouve tout entier le fonctionnaire gallican avec lequel nous avons déjà fait connaissance. Quoique ce soit anticiper un peu, nous croyons que ce passage caractéristique doit être cité immédiatement :

« L’ecclésiastique est composé d’un évêque nommé ayant le titre de Pétrée, in partibus infidelium, et se servant du caractère et de l’autorité de vicaire apostolique. Il a sous lui neuf prêtres et plusieurs clercs qui

  1. — Talon avait eu aussi quelques difficultés avec Mgr de Laval, au sujet de la publication des ordonnances au prône, dans les églises.
  2. — Ce mémoire a été attribué à Talon par nos historiens, par Garneau, par Ferland, de même que par Parkman. Il fut apporté au Canada par lord Durham qui en avait obtenu une copie aux archives de la Marine à Paris. La Société Littéraire et Historique de Québec l’a fait imprimer en 1840 : « D’après une note qui se trouve en marge de ce mémoire, dit l’éditeur, il est évident qu’il a été rédigé par M. Talon qui était en 1667 intendant de justice, police et finances en Canada. » Malgré certains doutes qui se sont présentés à notre esprit, nous nous rangeons au sentiment commun, et nous tenons Talon pour l’auteur de ce mémoire.

    Maintenant la date de ce document est-elle bien celle qui est indiquée en marge (1667) ? Ici nous n’hésitons pas à répondre négativement. Ce n’est pas 1667, c’est 1669 que le copiste aurait dû lire. Il a pris le chiffre 9 pour le chiffre 7 ; on est souvent exposé à cette confusion avec les écritures du dix-septième siècle.

    Voici pourquoi nous affirmons que ce mémoire n’est pas de 1667 mais de 1669. On y lit le passage suivant : « Les troupes